Thèse présentée par le Dr. GERMAINE FURAHA MIRINDI


La présente thèse réalise un diagnostic comparé de trois chaines de valeur du riz dans la plaine de la Ruzizi partagée entre trois pays de la Communauté Economique des Pays de la Grands Lacs (CEPGL) à savoir le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Les trois chaines de valeurs sont appréhendées à travers des études menées dans la Plaine de l’Imbo pour le Burundi, au sein de la Plaine de la Ruzizi pour la RDC ainsi que dans la Plaine de Bugarama pour la chaine de valeur rwandaise. L’analyse a consisté à auditer le contexte dans lequel la riziculture est conduite (c’est-à-dire les politiques ainsi que les services d’appui auxquels ont accès les acteurs le long de la chaine de valeur), à analyser la performance économique de ces trois chaines de valeur et à identifier les facteurs pouvant favoriser le développement d’une chaine de valeur à potentiel régional. L’étude a privilégié l’approche terrain qui a permis de réaliser des investigations sur une période de 3 ans (de 2013 à 2015). La collecte des données a porté sur un échantillon de 228 acteurs repartis de manière équitable entre les trois pays et a combiné plusieurs techniques à savoir, des enquêtes directes auprès des acteurs (les producteurs, les transformateurs, les collecteurs, les commerçants grossistes et les détaillants), les interviews avec les différentes structures d’appui et services étatiques, les discussions focalisées avec des groupes de producteurs et représentants de leurs Organisations Paysannes.

L’analyse du contexte de ces trois chaines de valeur du riz a mis en relation les politiques mises en œuvres dans chaque pays et l’accès par les acteurs directs à certains facteurs de production et services tels que la terre, l’eau, le crédit, l’utilisation d’intrants. Elle a également mise en évidence la question de la main d’œuvre salariale et les différents rôles qu’elle joue dans le secteur. Il s’observe que la politique foncière dans la plaine de Bugarama au Rwanda a permis de réduire à plus de la moitié le coût d’accès à la terre comparativement à la situation au Burundi et en RDC. Les limites du système foncier à Bugarama au Rwanda dans une approche de promotion des innovations entrepreneuriales se traduisent par les difficultés d`accroissement de la taille des exploitations (la superficie cultivée est de 0,23ha). Malgré le coût relativement élevé lié à l’accès et à la gestion de l’eau, la totalité des parcelles rizicoles ont accès à l’eau d’irrigation au Rwanda alors que le manque d’organisation et de bonne gestion de l’eau est l’un des facteurs à la base d’un faible rendement au Burundi et en RDC où respectivement 25% et 40 % des parcelles rizicoles peinent à accéder à l’eau.

L`accès au financement demeure une contrainte majeure commune aux trois pays même au Rwanda où les services financiers sont disponibles. Les riziculteurs ayant accès aux crédits formels représentent une maigre portion de 8% (au Burundi), 10% (en RDC) et 37,5% (au Rwanda). Des contraintes liées à la disponibilité en main d’œuvre sont réelles dans les systèmes de production sous étude. En effet, la RDC est la zone déficitaire en main d’œuvre salariale à cause de l’exode rural et de la diversité d’activités économiques. 60% de la main d’œuvre rizicole utilisée dans la partie congolaise de la plaine est étrangère. 46% de cette main d`œuvre provient du Burundi et 14% vient du Rwanda. Cette mobilité de la main d’œuvre entraine des transferts de technologies, l’approvisionnement en intrants à moindre coût. Il joue également un rôle important dans la consolidation de la cohésion sociale dans un contexte post conflit.

L’analyse économique de trois chaines de valeur révèle des coûts de production très élevés variant entre 292 et 388 USD/tonne amenuisant ainsi des perspectives de compétitivité internationale. Les coûts les plus élevés sont observés en RDC où paradoxalement se note une meilleure performance financière des acteurs. Au Rwanda où le riz est plus compétitif en termes de coûts de production, les producteurs sont soumis à des normes et restrictions (variété à cultiver, types de clients à qui vendre la production, prix de vente, etc.) qui influencent sensiblement leur performance.

Les tests statistiques réalisés sur certains paramètres identifiés par l’analyse financière confirment l’inefficacité des politiques de subvention d’intrant et de financement agricole. En effet, il n’y a pas de différences significatives des moyennes entre les riziculteurs bénéficiant de ces politiques et ceux qui n’en bénéficient pas. Paradoxalement, les analyses statistiques révèlent que les riziculteurs qui ne subissent pas de politique de fixation de prix (ils ne sont pas preneurs de prix) ont une bonne performance financière en termes de revenus.

Les trois zones étudiées sont complémentaires en termes de potentiels de développement. Des structures régionales favorables à la chaine de valeur régionale devront être relancées ou renforcées dans une logique de développement de la riziculture dans la plaine de la Ruzizi.

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